BLOGOSOCIAL - CULTURE SOCIALE

Un reportage en immersion, à la façon de Günter Wallraff (Tête de Turc), parmi les femmes de ménage de Caen et ses alentours, dont Ouistreham. C’est très poignant et on voit bien à quel point ces gens sont traités comme des merdes, avec des horaires et des cadences intenables, des temps partiels subis, une précarité totale et un accompagnement complètement bidon de la part de Pôle Emploi (devenu aujourd’hui France Travail…)

Quel gâchis ! Le monde du travail pourrait fonctionner tellement mieux, si tout n’était pas vu uniquement sous le prisme de la rentabilité financière. Le pire, c’est que la plupart des acteurs, y compris ceux en situation de travail précaire, intègrent le discours ambiant sur les soi-disant feignants qui empêcheraient le monde de bien tourner. C’est le règne du lean mangement et de la culpabilisation individuelle. Heureusement, l’humanité et la solidarité reste présente dans les rapports entre collègues, qui se soutiennent malgré tout, malgré le manque de perspectives. Bien des managers et des décideurs devraient lire ce livre de Florence Aubenas - ou voir le film qui en a été tiré 10 ans plus tard - mais ce n’est même pas sûr qu’ils réaliseraient où est le problème…

En tout cas le livre et le film ont bien marché et touché beaucoup de monde et c'est tant mieux. En lien ci-dessous, un article sur les réaction des collègues avec lesquels elle a travaillé pendant plusieurs mois : 

https://www.elle.fr/Societe/Les-enquetes/Florence-Aubenas-ses-heros-racontent-1216603

"Algues vertes : l'histoire interdite" est une ecxellente BD sortie en 2019 (aux éditions Delcourt) par Inès Léraud (journaliste) et Pierre Van Hove (dessinateur).

Le sujet : les algues vertes qui ont petit à petit colonisé de nombreuses plages de Bretagne, depuis les années 60.

La cause : l'agriculture intensive (élevage de porc), les rejets de celle-ci favorisant le développement des algues vertes.

Les conséquences : en pourrissant, ces algues dégagent de l'hydrogène sulfuré, un gaz toxique qui a causé la morts de nombreux animaux et de plusieurs humains !

L'omerta : tout ça, c'est mauvais pour le bizness, l'économie, le tourisme. Du coup, les entreprises et autorités locales ont tout fait pour cacher ce problème et ne pas reconnaître ses causes.

Mais une journaliste de France Culture venue de Paris s'est installée sur place, a enquêté et réussi à fédérer des gens pour lutter et faire éclater ce scandale au grand jour.

Cet été, un excellent film vient de sortir, qui adapte la BD : "Les algues vertes" réalisé par Pierre Jolivet. Il reprend l'histoire mais ne se contente pas de répéter, il est complémentaire dans son approche et donne aussi des infos sur les évènements les plus récents de l'affaire (procès en cours). 

BD à lire et film à voir ! Même s'il n'a pas bénéficié d'une très bonne distribution, le bouche à oreilles lui donnera sûrement une seconde vie...

Interview de Pierre Jolivet et Inès Léraud à écouter ici (35 minutes) : 

"Les Algues vertes" : récit d'une enquête contre les lobbys

Les Matins d'été reçoivent le réalisateur Pierre Jolivet, la journaliste Inès Léraud et l'éleveur Yves de Fromentel à l'occasion de la sortie du film "Les Algues vertes" ce mercredi 12 juillet.

https://www.radiofrance.fr

Bande annonce du film (2023) : 

Reportage dans Envoyé spécial (2021) :

Valentin Gendrot a suivi une formation de 3 mois pour devenir ADS, Adjoint de sécurité, c'est à dire un policier contractuel, recruté sans concours et sans la formation de 1 an dispensée aux gardiens de la paix.

Avec seulement 3 mois de formation, il a pu intégrer un commissariat de police, dans le 19ème arrondissement et participer à des interventions, avec une arme à feu.

Il a pu constater que le racisme et les abus de pouvoir sont monnaie courante au cours de ses quelques mois d'immersion, malheureusement. 

Il décrit bien les conditions de travail, mauvaises, et comment l'esprit de groupe pousse à se comporter comme les autres.

Excellent témoignage, à la fois objectif et sensible.

Livre préfacé par Günter Walraff, un maître de l'infiltration (Tête de turc).

Un super livre qui fait suite à 3 ans d'enquête sur l'affaire de Tarnac et de ses "anarcho-autonomes" supposés saboteurs de lignes de TGV.

David Dufresne nous embarque dans son histoire, comme dans un roman, vécu à la première personne : on entre petit à petit dans sa peau, partageant ses galères, ses enthousiasmes, ses désillusions... On appelle ça du gonzo-journalisme, parait-il. Eh bien j'y connais pas grand-chose mais vive le gonzo ! Ou en tout cas, là c'en est du bon.

C'est donc aussi un livre de reflexion sur le journalisme, à travers la remise en cause personnelle du "héros" de ce récit. Il montre au passage que l'objectivité est un leurre, qu'on s'en approche bien plus en assumant ses positions personnelles (comme dans la presse écrite) qu'en affichant un point de vue soi-disant neutre, mais surtout inexistant et manipulable (comme à la télé et souvent à la radio)...

On rencontre à travers cette histoire un tas de gens, on y apprend un tas de trucs et on se pose un tas de questions. Un pavé de plus de 400 pages avec lequel on ne s'ennuie jamais (ou presque : la prose gendarmesque des nombreux PV administratifs étant quand même assez lourdingue!).

On n'y découvre pas si et de quoi les "de Tarnac" sont coupables exactement, mais comment les ambitions politiques (par exemples celles d'un gouvernement UMP) peuvent conduire à d'énormes dérives. Mais bon, le bouquin est là, il n'y a plus qu'à le lire - je ne pense pas qu'il aurait pu sortir comme ça en Russie !

+ d'infos ici : http://www.davduf.net/

(article rédigé le 20 août 2012)